INTÉGRATION DE L’ E.P.S À YAKAAR

Interview de Kobe Myaro directeur du Sporting Form de Blagnac et ancien handballeur professionnel du Fénix toulouse Handball, intervenant dans la mise en pratique des premiers cours d’éducation physique et sportive à l’école de Yakaar.

Kobé, en quoi ajouter un tel cours dans ce type d’école te paraissait important ?

“Nous le savons bien en France comme partout dans le monde, le sport est certes bon pour la santé de chacun tout autant qu’il est vecteur de solidarité, d’entraide et de dépassement de soi. Dans une école, ce sont des valeurs qui me paraissaient importante et au vu de mes expériences professionnelles, j’avais une carte à jouer sur ce terrain.”

On l’imagine, tu as du rencontrer certains accrocs dans la mise en pratique, quels étaient-ils ?

« Effectivement, le premier obstacle résidait dans la barrière de la langue car je ne parle malheureusement ni la langue des signes ni le Wolof (pour la lecture labiale). Afin de pouvoir facilement mettre en place les activités pour les enfants, je suis venu accompagné de mon fils âgé de 9 ans, Keziah. Il m’a permis de faire le lien avec les enfants et d’expliquer facilement les exercices à réaliser par le biais de démonstrations.

Une autre difficulté était la différences d’âges des enfants par classe. J’ai dû adapter les séances pour que petits et grands comprennent les consignes. Pour les plus jeunes, nous nous sommes concentrés sur des cours de coordination simple et de motricité. Pour les plus âgés sur la pratique de jeux collectifs avant d’aboutir sur le handball.

Il y a eu également la problématique du cadre avec la réalisation des activités sur sable et sous un chaleur intense. Enfin le matériel était inexistant à l’école pour permettre la pratique des différentes activités sportives. »

Comment as tu fais pour équiper l’école en matériel sportif ?

« Avant de partir au Sénégal, nous avons réussi à collecter des ballons et du matériels pédagogiques auprès de différents clubs et prestataires toulousains, partenaire de Sporting Form (Casal Sport, le Fénix Toulouse Handball, le club Pechbonnieu Handball et la boutique Chabala Handball Store à Toulouse).

Puis sur place, nous avons récupéré des pneus dans les garages alentours. Nous avons également loué un chapiteau afin de pouvoir pratiquer le sport à l’ombre dans la cour de l’école. Nous souhaiterions d’ailleurs pouvoir en acquérir un de manière définitive. »



Pourquoi le handball ?

« Ces enfants jouent régulièrement au foot, c’est le sport mondial par définition. Ils n’ont pas spécialement besoin d’en faire en EPS.

En tant qu’ancien handballeur, et au regard de l’utilisation du handball dans le milieu scolaire en France, il me paraissait le sport idéal pour les faire pratiquer. Le principe était la mise en place du « jouer ensemble » en utilisant le handball comme outil.

De plus je trouvais intéressant que ces enfants qui utilisent leurs mains pour parler et communiquer, les utilisent aussi pour la pratique sportive.»





Alors, était-ce un pari gagnant ?



« J’ai été agréablement surpris par la capacité des enfants à comprendre rapidement les consignes et leur mise en application.

Le plus déconcertant : ils sont en capacité sur des jeux d’opposition de refaire les équipes, considérant que les niveaux de jeu n’étaient pas équilibrés.

Les enfants ont systématiquement été très en demande de jeux collectifs. Preuve qu’ils ont envie de jouer ensemble. Dès la fin de la semaine nous avons pu pratiquer le handball avec les plus grands en adaptant simplement une ou deux règles. »




Et le reste de l’année ?


« Afin de poursuivre cette première expérience, un rendez vous a été pris avec la coach de l’équipe de handball de Mboro, ancienne joueuse de l’équipe nationale pour faire pratiquer l’EPS aux élèves de l’école à raison d’une fois par semaine. Et à en croire l’enthousiasme des présidents, c’est quasiment chose faite.”